À Londres, le Design Museum déménage.
« Nous devons faire quelque chose pour le design. Nous avons besoin de faire pour le design ce que la Tate Modern a fait pour l’art contemporain », explique Deyan Sudjic, directeur du Design Museum de Londres. Il rappelle qu’avant la Tate Modern, l’art contemporain semblait « en périphérie des choses », voire « n’était pas pertinent dans la vie britannique quotidienne ».
Désormais, avec la réouverture du Design Museum dans le bâtiment réaménagé de l’ancien Commonwealth Institute le 24 novembre, ce « quelque chose pour le Design » est en mouvement, et à l’échelle qu’il mérite.
Anciennement situé dans des entrepôts de Shad Thames datant des années 1940, le Design Museum a déménagé à Kensington High Street, où il est entouré du Royal College of Art, du V&A Museum, du Natural History Museum, du Science Museum et autres Serpentine Galleries dans le quartier culturel de l’Ouest de Londres.
« Les musées sont des lieux particuliers », nous raconte Deyan Sudjic. « L’architecture d’un musée est très importante ; c’est ce qui fait que les gens se sentent dans un endroit spécial ». Et en effet, l’architecture du nouveau musée est unique en son genre. Son spectaculaire toit en forme de paraboloïde hyperbolique est sa caractéristique principale. L’architecte John Pawson a choisi de le préserver, ainsi que espace intérieur exceptionnel de ce monument classé datant des années 1960, qui a été restauré à un coût de près de 83 millions de livres. Pour les visiteurs, ce toit est un avant-goût de la surprenante et fascinante sélection d’œuvres qu’ils trouveront en entrant dans le musée. (Il y a cependant eu un revers à cette singularité architecturale : la rénovation du bâtiment s’est avérée être un véritable défi technique, qui a retardé la réouverture du musée de deux ans).
Le Design Museum offre désormais un espace d’exposition de 10 000 m2, soit une surface trois fois plus grande que celle des anciens locaux de Shad Thames. Ceci permettra pour la première fois l’exposition permanente de la collection du musée, ainsi que l’organisation de plusieurs expositions temporaires à la fois.
Deux nouveaux étages accueilleront des galeries et un auditorium. Au rez-de-chaussée se situeront les plus grandes galeries, les espaces dédiés aux expositions temporaires, ainsi que la boutique et le café du musée. Un centre d’études et une bibliothèque avec ses archives occuperont le premier étage ; la collection permanente « Designer Maker User » sera au dernier étage ainsi que le programme Designers in Residence, un restaurant, et un salon réservé aux membres.
Londres s’est depuis longtemps forgé une réputation dans le domaine du design. Le Festival du Design, organisé chaque année à l’automne depuis 2003 avec de nombreux événements et expositions à travers toute la ville ; le prestigieux salon PAD London en parallèle avec Frieze London ; puis les ventes aux enchères de la maison Phillips à Berkeley Square, renforcent sa présence dans le design du 20ème et 21ème siècles, et sont autant de raisons que Londres se positionne aujourd’hui comme la capitale mondiale du design.
Le Design dans tous ses états.
Cependant, Deyan Sudjic semble avoir en tête un objectif supplémentaire et plus ambitieux pour le Design Museum. En plus de refléter le rôle majeur de Londres dans le monde du design, on a l’espoir que ce nouveau bâtiment, ouvert au public toute l’année, attirera un plus grand nombre de visiteurs, éventuellement 400 000 personnes de plus que la fréquentation actuelle. Il suscitera ainsi l’intérêt et l’enthousiasme du plus grand nombre, et prouvera la pertinence du domaine auprès de la société britannique et de tous ceux qui viendront, de partout dans le monde, et ajouteront ce musée à leur liste des sites londoniens à ne pas manquer.
Qu’est-ce que cette ouverture signifie pour Terence Conran, fondateur du Design Museum en 1989 ? « Ce projet va nous permettre de réaliser un peu plus nos rêves et ambitions : créer le meilleur et le plus important musée de design au monde. »
Les expositions d’ouverture :
- Fear and Love : Reactions to a Complex World (24 novembre 2016 – 23 avril 2017) : une série d’installations de projets commandés à des designers et architectes parmi les plus innovants, qui explorent un large spectre de thèmes qui définissent notre société. [Moi aussi, j’aurais du mal… On supprime]
Cette exposition temporaire montre que le design n’est pas uniquement lié au commerce ou à la culture, mais qu’il est profondément lié à des problèmes de fond – des problèmes qui provoquent amour et peur. Cette audacieuse exposition, globale et multidisciplinaire, a pour ambition de capturer l’esprit de notre société et fait du Design Museum le centre d’un débat autour du design.
- Beazley Designs of the Year (24 novembre – 19 février 2017) : la neuvième édition de cet événement met à l’honneur les plus grands designers qui incitent ou favorisent le changement, améliorent l’accès ou le champ d’action du design dans la vie quotidienne, ou incarne l’esprit de l’année. Les nominées sont représentés dans six catégories : l’architecture, le digital, la mode, le graphisme, les produits et le transport.
Pour plus d’informations :
en.wikipedia.org/wiki/Deyan_Sudjic
en.wikipedia.org/wiki/Terence_Conran