L’Art africain, un marché en plein essor.
Comme nous l’avons déjà souligné dans un article précédent, le marché de l’Art africain contemporain est désormais communément décrit comme « en essor », voire « en plein boom ». Ce nouveau post met en lumière les tendances alimentant – et étant alimentées par – ce regain d’intérêt et cet enthousiasme pour l’Art africain contemporain au travers des différentes foires de ces derniers mois.
Des événements plus grands, au nombre de visiteurs croissant.
En seulement quatre années, la taille de 1:54 Contemporary African Art Fair a plus que triplé. Lors de la première édition en 2013, 17 galeries étaient présentées dans une aile de la Somerset House de Londres. Cet automne, la foire envahissait l’ensemble du bâtiment (y compris une sculpture « in situ » dans la cour), accueillant ainsi 40 galeries, 130 artistes, et un nombre record de 17 000 visiteurs. À ce jour, 25 pays différents ont été représentés.
Autre fait marquant, la Cape Town Art Fair (CTAF) de 2017, prévue du 17 au 19 février, a reçu un nombre record de candidatures. Avec 80 exposants locaux et internationaux, contre 55 en 2016, cette cinquième édition promet d’être plus audacieuse et d’avoir une portée encore plus importante que les années précédentes. Pour la section « Tomorrows/Today », une partie clé de la foire, le nouveau commissaire en chef, Tumelo Mosaka, a choisi une dizaine de jeunes artistes émergents originaires d’Afrique, ou de sa diaspora qui présenteront des « solo shows ». Cette année verra la naissance de « Unframed », une nouvelle section consacrée à de grandes sculptures et des installations qui seront dispersées sur l’espace d’exposition. Quant à la FNB Joburg Art Fair cette année, 80 exposants venus de 17 pays étaient représentés. La fréquentation du lieu a augmenté sensiblement, atteignant les 12 500 visiteurs ; et l’événement a totalisé 2,8 millions d’euros de vente, un record dépassant de loin celui de 1,04 millions d’euros comptabilisé il y a quatre ans.
L’apparition de nouvelles foires.
Face au fort engouement entourant l’art africain contemporain, de nouvelles foires ont vu le jour sur le continent africain et à l’international. Also Known As Africa (AKAA) est la première foire consacrée à l’art contemporain et au design africain organisée à Paris. Pendant trois jours, du 11 au 13 novembre dernier, elle a accueilli 29 galeries originaires de 11 pays différents. Sa fondatrice, Victoria Mann, avait espéré accueillir entre 5 000 et 8 000 visiteurs lors de l’édition de 2015, celle-ci avait malheureusement dû être annulée en raison des attaques survenues à Paris au même moment. Cette année, l’événement a suscité plus d’enthousiasme qu’elle ne l’espérait, attirant près de 15 000 personnes. Art X Lagos (du 4 au 6 novembre) a présenté une sélection de galeries dans 10 pays différents en Afrique et au sein de sa diaspora. Cette foire a regroupé ainsi près de 65 artistes originaires du Nigéria, du Ghana, d’Afrique du Sud, du Cameroun, du Mali, du Zimbabwe, ou encore d’Égypte. Pour Tokini Perterside, fondateur de Art X Lagos, « notre but est d’encourager le mécénat d’artistes en général en Afrique ». Les Collector’s Series – forum regroupant près de 100 collectionneurs d’art VIP ayant pour sujet de réflexion des thèmes telles que les œuvres d’art comme actifs – ont agi dans ce sens. Dans le même esprit, le directeur artistique Bisi Silva parle du développement d’un « écosystème artistique », aussi bien à l’international que dans le continent africain, qui contribuerait « à la viabilité d’une pratique artistique ». Au Ghana, Art Accra présentera 25 galeries d’Afrique et d’ailleurs entre le 8 et le 10 décembre. Gage de pertinence, le comité de sélection de la foire était composé de figures importantes du monde de l’art africain contemporain : Oliver Enwonwu, Koyo Kouoh, Elikem Kuenyehia, et Ugochuwku Smooth Nzewi.
De plus en plus de galeries – parfois toutes nouvelles – originaires de différents pays africains.
À 1:54, parmi les 40 galeries participantes, 17 étaient présentes pour la première fois ; et au total, 16 étaient originaires du continent africain, dont la récente Gallery 1975 créée à Accra, au Ghana. Cape Town Art Fair compte plus de 20 galeries internationales sur la liste des participants de l’édition 2017. Cependant, elle accueillera beaucoup de galeries représentatives de la scène artistique du continent africain, telles que Addis Fine Art en Éthiopie, Afriart en Ouganda, Art Twenty One au Nigéria, First Floor au Zimbabwe, et Galerie Cécile Fakhoury en Côte d’Ivoire ; ces galeries s’ajoutant aux galeries sud-africaines bien connues telles que Stevenson, Goodman, MOMO, SMAC, Whatiftheworld, et Smith, parmi d’autres. Un autre signe révélateur de l’engouement croissant pour l’Art africain au sein même du continent est le fait que FNB Joburg Art Fair ait choisi de mettre en lumière l’art de l’Afrique de l’Est dans sa section Focus. Le Burundi, le Kenya, le Rwanda, la Tanzanie, l’Ouganda, l’Éthiopie, la Somalie, et le Soudan sont tous représentés. Au Kenya, par exemple, où il n’existe que peu de galeries qui ont été fondées très récemment, on observe « un vrai épanouissement des galeries privées », affirme Carol Lees, directeur de la One Off Contemporary Art Gallery à Nairobi. À propos de l’AKAA, la fondatrice Victoria Mann déclare que « ce dont nous sommes le plus fier, c’est que la moitié des exposants sont originaires d’Afrique. De ce fait, cet événement n’est pas seulement une foire où des galeries européennes et américaines exposent des artistes africains ».
Le prochaine événement sur le calendrier parisien est Art Paris Art Fair (du 30 mars au 2 avril 2017), dont l’attention sera portée sur l’Afrique. Le commissaire Marie-Ann Yemsi promet une approche « sortant des sentiers battus », avec entre autre un espace dédié aux vidéastes africains.
À Paris également, on parle de trois expositions d’Art africain contemporain à la Fondation Louis Vuitton au printemps prochain, incluant une sélection d’œuvres issues de la collection de Jean Pigozzi, une des plus importantes du monde.